Wednesday 13 June 2012

Hey man, Amen

Chers lecteurs,

Ma destinée m'a été révélée. J'ai recontré dans ma derniere visite de villages un 'shaman' (je ne suis pas sur comment l'appeler, bref, un représentant de la foi animiste) Karen. Apres m'avoir posé quelques questions sur mon age, ma provenance, il m'a pressé les bras et avant-bras, m'a pris le pouls et a longuement examinées main droite puis main gauche. A la fois intéressé et amusé, j'attendais, le sourire au coin des levres, une prédiction flatteuse qui séduit l'esprit du genre horoscope de Voici: bonheur au labeur et ravi au lit. J'ai été plutot décu. Voila au contraire qu'il me prédit que ma vie est sur la pente déscendante, qu'il m'arrivera tres bientot un accident grave, que j'aurai de gros problemes car j'oublie mon Dieu. Il faut donc, me dit-il, que j'évite de trop travailler, que j'écoute mes ainés et que je rende hommage a mes parents le plus tot possible, et ansi j'éviterai peut etre le malheur qui me guette. Aussi m'attend une rencontre qui me rendra éperdument amoureux, mais je finirai le coeur brisé car il est trop tot pour moi. Surpris de son choix tactique (il faut croire que la peur est plus forte que l'espoir), je me suis dit que si, admettant que je me fie a ces mauvais présages, pour me sortir de ce bourbier je n'avais qu'a réciter une dizaine de 'Notre Pere', je me mettrais sur le champ a genoux et joindrais les mains en regardant le ciel, remerciant ce gentil Dieu paternel qui, non comme ces esprits capricieux qui me ruinent la vie, m'aime, m'aide et me pardonne.

Ca donne a reflechir a l'ancien anti-clerical que je suis, surtout que je venais de sortir d'une maison ou l'hotesse nous a chaudement remerciés de venir prier chez elle, lui dire que son mari défunt de l'année derniere ainsi que son fils mort il y a un mois n'étaient pas dans ce monde a hanter ceux qui les auraient mal traités, mais biens au chaud dans l'au-dela pour une éternité de bonheur. Et encore je zappe des histoires farfelues de sacrifices a faire a un buisson si l'on le malheur de se sentir mal apres s'etre reposé a coté de celui-ci, ou alors des enfants qui quittent une école car si deux des éleves s'évanouissaient souvent sans raisons c'était évidemment que l'école était hantée... Ainsi que si ma propre foi reste non-existante je suis content de voir des tribus comme les Karens passer a des religions plus avancées comme le bouddhisme ou le christianisme, meme si cela vient souvent au prix de la perte d'une partie de leur héritage culturel.
K'shaij eh, cyanthav qe sheiiv! Dieu, aie pitié de nous
c'est la priere journaliere du foyer

Tuesday 3 April 2012

Saisons


Il y a trois saisons a Omkoi. Et comme en Europe avec ces saisons sont viennent des changements d'atmosphere et de couleurs.

A mon arrivée j'ai été accueilli par la saison des pluies, implacable, pleine de vie et éclatante de couleurs, accompagnée de l'orchestre assommant et apaisant de la pluie tropicale. Les montagnes, d'un beau vert dans lequel brille le reflet de l'eau des rizieres, et grenouilles, serpents, crickets, moustiques et autres insectes en tous genres se trouvent a foison dans ces hautes herbes incontrolables qui semblent repousser d'un metre tous les mois quand on les coupe.

Puis la pluie quitte un ciel qui pendant deux mois ne laissera aucun nuage troubler ni sa couleur d'azur la journée, ni son ciel étoilé la nuit. Ce climat aride, d'environ 5 degrés la nuit et 30 le jour desseche ces montagnes et ce vert étincelant est teinté d'un jaune fade qui rappelle les documentaires sur la faune africaine que l'on regarde une minute avant de retourner au match de football le dimanche apres-midi.

Alors le climat lui aussi devient africain, le nuits n'étant plus si fraiches, et les journées envahies d'une chaleur assomante; tandis que les habitants, en anticipation de la plantation et de la pluie se mettent au rituel annuel de couper  et de bruler toute la petite vegetation. Ainsi que l'air, dans lequel viennent flotter d'inombrables petites particules noires, s'illumine souvent de cette lumiere rouge que prennent les rayons du soleil qui passent a travers la fumée de ces incendies volontaires que l'on voit dévorer des forets entieres. Cette fumée remonte alors et se condense pour faire tomber les premieres pluies de l'année, et du jaune la couleur des montagnes passe au noir ce qui rend parfois l'atmosphere si lugubre lorsque l'on tranverse ces étendues ou plus rien ne vit, en attendant silencieusement les semailles.

A bientot l'Europe, j'arrive demain aux deux tiers de mon aventure, et meme si je me réjouis de pouvoir revoir certains d'entre vous, l'idee triste de quitter ce genre de bouilles commence a se materialiser...

Sunday 29 January 2012

Le temps passe

Le temps passe de plus en plus vite ici, et les expériences se succedent et forment un tout de mon année, ainsi qu'il m'est vraiment difficile de choisir quoi vous raconter, et dans quels détails.

Les enfants du centre qui ont chanté
apres leur représentation costumée
Je pourrais m'arreter sur n'importe lequel des villages dans lesquels on a feté Noel tous ensemble, ou j'ai pu rencontrer les familles des enfants du foyer, et ou l'on a chanté chaque week-end une panoplie de chansons qui allaient entre chansons Karens traductions de chants europeens du genre 'Il est ne le divin enfant' (ce qui donne 'Plong poo sai loo ke gang o plei'), et vu des spectacles organisés de villageois qui allaient de danses et chants traditionnels a une représentation comique de la scene de Nativité ou encore des chorégraphies sur un équivalent de Britney Spears Thai.


Je pourrai aussi raconter en détails ma surprise au reveil un matin dans le plus petit et plus pauvre village que j'ai vu ici. Il y avait une dizaine de huttes en bambous et pas une n'avait de generateur ni de moto ce qui est rare. J'ai été surpris d'arriver dans une maison partiellement en bois et encore plus lorsque j'ai vu un moustiquaire dans la chambre. Apres une nuit passée par terre donc pas top niveau sommeil j'ai été réveillé par un vrombissement et j'ai vu qu'il y avait des centaines d'abeilles qui essayaient tant bien que mal de contourner la moustiquaire, et que leur ruche était accrochée a l'intérieur du toit! Disons qu je n'ai pas mis trop longtemps a sortir prendre l'air frais du matin...

Scéance photo chez les Soeurs
Je pourrais vous parler de mes efforts dans la langue, de la premiere fois ou a Noel j'ai pris la parole en Thai pour m'addresser devant une assemblée, de la fierté éprouvée la fois ou dans une voiture j'ai tenté un premier jeu de mot en Thai et que tout le monde a rit aux éclats. Ou encore du sentiment d'etre utile (possiblement le meilleur) lorsque j'ai donné mon premier vrai conseil qui influencera peut-etre la vie d'un enfant. Ou mieux, du bonheur d'entendre un jour ou le Pere demandait aux enfants si ils sont heureux d'etre ici et pourquoi, la premiere réponse a été 'Parce qu'on peut etre avec Oscar'.


Tonton Tata chez les Karens
Je pourrais vous décrire la visite de mon oncle et ma tante, du plaisir de prendre du temps pour décompresser, avoir une douche chaude, et faire le touriste! Pleins de beaux endroits, des chutes d'eaux, des temples et palaces, tigres et éléphants, balades en moto et maintes fois ou (évidemment) je prenais le mauvais chemin ce qui étaient inmanquablement suivies par une série de U-turn (demi-tours) pour retrouver la bonne route.

Je pourrai enfin vous parler de tant d'autres petites choses, de petits moments de joie, comme celui ou le jour de mon anniversaire, pendant un match de volley sont arrivées les plus jeunes, qui s'étaient confectionné tout un attirail de pompom girl: une jupe en feuille de bananier, des ponpons en plastique, de la craie sur le visage; et nous ont encouragé de mille chansons entrecoupées des cris stridents que poussent a tous moments d'excitation les petites filles du monde entier.

Le Pere, la Soeur et 'Pi Ret' un
matin ou il faisait -2 degrés!
Enfin je pourrai vous dire qu'il y a aussi des moments difficiles, quand on dort par terre dans les villages par une nuit a 0 degrés sans tellement de couvertures, ou quand on comprend que le Pere, bien qu'ils vous dise autre chose, pousse vraiment les enfants vers une vie religieuse, ou encore des moments de questionnement ou je me demande si je sers vraiment a quelque chose, ou si je ne pourrai pas faire beaucoup plus, tout ca avec le flou des projets de l'année prochaine qui, mine de rien, n'est plus si loin.

Un petit sommaire de mes expériences sur les derniers mois, et j'en omets beaucoup, mais j'espere vous donner une petite idée de comment ca se passe.

Voila pour cette fois ci... Sinon a ceux que j'aime vous me manquez, venez me voir!

Monday 21 November 2011

Oscar Sebert: Ouvrier, Animateur, Touriste

Chers lecteurs, avec les semaines qui passesnt les evenements et acivités se succedent et sont si différents qu'il m'est difficile de n'en décrire qu'un seul. Bref voila a peu pres ce qui m'arrive:

Ces derniers temps, on a commencé un gros projet d'extension du centre et depuis pres d'un mois je suis entouré et occupé par ciment, goudron, outils en tous genres et échafaudages un peu approximatifs. Imaginez-vous donc un Oscar ouvrier! On est en train de construire trois salles et avons tout fait par nous memes: fondations, murs, renforcements et nous en arrivons au toit! Il y a toute une chaine et une hiérarchie de travailleurs et de postes, de l'ameneur de brique au faiseur de goudron jusqu'au poseur de brique et inspecteur des mesures. Et tout le monde travaille! (meme les toutes petites qu'on essaie quand meme de ne pas trop pousser) Les 'Homeschool students' qui sont d'habitude mes eleves sont dans leurs villages respectifs pour la recolte du riz et je n'ai donc pas de cours a donner pendant la journée, ainsi que la construcion occuppe la majeure partie de mon temps.
On travaille mais garde le sourire
Ce que l'on voit pas c'est que je suis a 3 metres du sol!
Les vacances des enfants (terminées la semaine derniere) m'ont aussi donner l'occasion de voyagerun petit peu. Il y a deux semaines je suis allé a Chiang Mai quelques jours a l'occasion d'une des grandes fetes nationales: Loi Krathong; ce qui veut dire littéralement 'laisser partir les peches'. Elle est celebrée par la construction de petits bateaux, les Krathongs, a l'aide de feuilles et troncs de bananiers ainsi que bougies et fleurs, que l'on pose dans la rivere afin que les lumieres vaguant avec le courant guident les mauvais esprits hors de la ville et que nous soyons lavés de nos pechés. Mais si cette tradition tres poétique donne une impression de tranquilité, on se rend tres vite compte que Loi Krathong n'est pas une admiration silencieuse de petits Krathongs le long de la riviere, mais un festival de vie, de bruits, de lumieres et couleurs dans tous les sens. Parades de chars et groupes costumés, et une foule dense presque asphyxiante qui ne s'arrete que pour mettre au ciel des centaines de feux d'artifices scintillants et explosifs, ou ces lanternes de papier qui etoilent le ciel de milliers de points rouges qui montent groupés suivant la direction du vent.

Ces célébrations ayant lieu la nuit, j'ai aussi eu le temps de faire des excursions la journée avec mes collegues EDM: j'ai vu le magnifique temple de Doi Suthep ou l'on n'est arraché a cette vue impressionnante sur Chiang Mai que par le son evoutant de ces cloches alignées que l'on se doit d'aller sonner les unes apres les autres, améliorant ainsi notre Karma et notre réincarnation dans une symphonie a la fois dissonnante et harmonieuse; la jolie cascade de Mae Sa, le Palace du Roi qui malheuresement n'était pas fleuri des grands jardins de roses de la Reine (ce n'etait pas la saison), ainsi que les belles grottes de Chiang Dao, guidé a travers les passages étroits vers toutes sortes d'images imaginées dans la disposition des roches.


Apres ces quelques jours je suis rentré a mon centre, retrouver mes petits ecoliers revenus de vancances, le Pere eternellement souriant et entreprenant, et mes kilos de ciment et centaines de blocs de béton. Je me rapproche de plus en plus de ce groupe de petits Karens et arrive de mieux en mieux a capter leur attention pour organiser des jeux, du sport, du chant et de l'aide pour leur devoirs. C'est curieux comme il y peut y avoir un jour ou je dois vraiment faire un effort pour garder la motivation et le sourire, ou le rythme et les méthodes du Pere m'irritent, et le lendemain apres du travail en groupe pleins de plaisanteries, des jeux avec des enfants qui éclatent de ce rire innocent et des moments calmes ou ils viennent poser des questions ou faire un calin, je suis rempli de bonheur comme il m'est rarement arrivé.



Ma nouvelle moto!






Les visites de villages continuent


Petit clin d'oeil et remerciement aux Chers Chereaux pour ces supers habits!









Avec amour et remerciement pour ceux qui pensent a moi et me donnent aide et support,

Osseukaa (prononciation de mon nom généralisée dans le foyer)

Sunday 23 October 2011

Les Brothers


Bonjour amis et aimés,

Une famille de Mae Raa Jaa
Dimanche dernier nous avons eu la visite de moines qui pour leur vacances passaient au centre avant de se rendre dans différents villages Karens en montagne. Moi je pensais moine et imaginais directement un cinquantenaire bedonnant a qui il manque les cheveux sur le haut du crane. Et bien non les 'brothers' (comme ils se faisaient appeler, le Thai n'ayant pas vraiment de mot pour frere ici tu es soit l'ainé soit le cadet!) étaient tous dans la vingt-trentaine, visiblement venant de mileux Thai plus favorisés (2 sur les 7 étaient Karens mais venaient de la ville), habillés en civil qu'on pourrait presque qualifier de 'fashion'.


Le Pere et deux villageoises devant une
maison Karen typique
Bref le lendemain nous partons pour les villages de Mae Lon Noi, Mae Raa Jaa et Pa Bio déposer nos 'brothers' aventuriers tout excités a l'idée de retracer les pas de ceux qui furent les premiers a amener la 'Bonne Nouvelle' dans leur pays. La route était mauvaise (bien que pas tant que celle pour Na Gian) mais la solidarité des brothers m'ayant obtenu une place a l'intérieur du 4x4 je n'eu pas trop a me plaindre du voyage.

Arrivé le soir dans ce village qui n'avait jamais accueilli de blanc je me présentai (traduit par le Pere) devant une assemblée de villageois et alla me coucher pour la premiere fois depuis mon arrivée 'a la Karen', c'est a dire par terre, ou plutot sur un tapis sans epaisseur en bambou pour ne pas toucher le sol toujours un peu noirci par la fumée des feux dans les huttes qui n'ont aucun semblant de cheminée.
Entre les deux parties du village
Le lendemain matin j'accompagnai le Pere dans sa visite et bénédiction des huttes des 12 familles chrétiennes du village. Apres 5-6h a faire le tour et répéter les memes prieres et chansons j'étais pris entre la grande satisfaction de voir environ la moitié des habitants du village, leurs maisons, leurs problemes et leurs familles, la gentillesse et générosité de celles-ci malgré leur extreme pauvreté ; et le grand désir de trouver un lit, ces heures passées agenouillé ou assis en tailleur n'ayant eu aucune clémence sur mes grandes jambes peu dotées de souplesse. L'apres-midi nous avons visité l'école primaire et j'ai fait chanter une trentaine d'enfants un super 'Aux Champs Elysées' dans une langue qu'ils n'avaient jamais entendue!

Les eleves de l'école primaire de Pa Bio
Le retour ne fut pas une partie de plaisir. On est partis avec 5 habitants du village ayant besoin d'aller a l'hopital, dont un homme (bouddhiste, je tiens a préciser que la charité du Pere ne se limite pas au siens!) avec sa fille souffrant d'une forte fievre qui hurlait de peur et de douleur a tous les bonds (espacés des quelques secondes dans les moments calmes) que faisaient la voiture de nuit sur une mauvaise route ou regnait une brume épaisse. Il a fallu a un moment s'arreter car la petite, bave a la bouche, ne respirait plus. J'étais donc devant cette scene, incapable d'aider, me surprenant a presque demander de l'aide a un Dieu auquel je ne crois pas tandis que les autres appliquaient des tissus imbibés d'eau fraiche contre son front et son corps. Elle s'est rétablie et lorsque nous sommes arrivés a l'hopital d'Omkoi elle était déja mieux apres un arret pour acheter du paracétamol quelques heures auparavant. J'attends encore des nouvelles mais d'apres le Pere elle ne devrait pas avoir trop de problemes.

Voila pour cette fois-ci comme toujours il y a un paquet de sensations fortes dont j'espere pouvoir vous donner une idée, je vous embrasse et vous dit a bientot!

Monday 3 October 2011

Voyage Voyage

Bon je n'ai pas renvoyé de message directement apres le dernier post (que voulez vous quand l'inspiration ne vient pas il faut pas forcer) ce qui fait qu'il s'est passé pas mal de choses durant ce silence prolongé.

La route dans son bel état. Comme on peut voir il fallait souvent
 descendre du 4x4 pour l'alleger, arranger la route et parfois
 pousser notre voiture, ainsi que cellesdes autres malheureux
 en route vers la meme destination
La plus notable était le voyage a Na Gian, village Karen dans les montagnes a 50km du Divine Mercy Catholic Centre. Je n'étais jamais monté a l'arriere d'un pick-up truck (encore moins a 15 dans un espace de 5-6m carré) et 50km me semblait un rien de route a faire et j'ai donc laissé imperméable et bonnes chaussures dans ma chambre. Clairement je ne connaissais pas les routes de montagnes en Thailande pendant la saison des pluies. Ont suivies 5 pénibles heures, mon pauvre derriere rattatiné rebondissant sur le pneu qui me servait de siege au rhytme des bonds que la voiture ne cessait d'enchainer. Il y a meme eu un moment ou, las de ce maudit pneu je décidai de changer de place et de m'asseoir sur le bord, seulement pour me trouver une minute plus tard accroché a l'arriere du 4x4, la tete au ras du sol, n'ayant plus que mes pieds a l'intérieur du véhicule, auquels se sont accorchés tous les enfants en hurlant jusqu'a ce que le chauffeur s'arrete enfin et que les hurlements se transforment en fou rire général. Je voyais bien l'apect comique de la situation, mais, encore legerement pétrifié par la peur, je ne réussi qu'a esquisser un demi-sourire. Durant le reste du voyage je ne cessai de repenser a toutes ces fois ou l'on m'avait demandé, arrivé quelque part: "pas trop fatigué du voyage?" encore un demi-sourire... Accueilli chez le 'chef' du village chrétien de Na Gian (qui est en fait trois villages: un animiste, un bouddhiste et un chrétien), je me réveillai le lendemain matin dans un superbe village. Il faisait frais, bon, le ciel gris, et les paysages de montagnes et de rizieres étaient magnifiques. A ce moment et surtout apres avoir passé du temps avec les villageois et bu quelques verres d'alcool de riz je me dis que ca valait le coup (je n'avais pas idée que le retour serait pire, qu'on mettrait 8h en pleine nuit, la pluie battante; pour rentrer au centre)...
Les belles rizieres de Na Gian
Tout ca pour que le Pere bénisse une maison , les champs de riz et meme la voiture (j'ai posé beaucoup de questions mais n'ai pas eu de réponse claire. Pourquoi bénir les maisons tous les ans? pourquoi choisir ce moment de l'année pour le faire? Je pense que ce sont les restants d'animisme qui sont encrés dans la culture)!

A part ca la vie reprend son cours, ainsi que le travail, les enfants m'ont presque tous accepté et me submergent de questions, de demandes et de temps en temps de calins; je progresse lentement mais surement en Thai, j'ai parfois un peu de mal a endurer les sermonts sur la vie interminables que donne le Pere aux enfants et auxquels je ne comprends rien mais a part ca (et le fait que je n'ai toujours pas de visa d'un an malgré un voyage au Laos qui m'a couté une semaine, une cinquantaine d'heures de bus et pas mal d'argent) je suis heureux d'etre ici et de progresser dans ma mission.

Voila pour cette fois-ci je vous embrasse et a bientot pour de nouvelles aventures!

Monday 19 September 2011

Kittimasak

Aujourd'hui je vous écris d'un café a Chiang Mai, et j'essaie de me rappeler précisément les deux dernieres semaines qui ont été pleines de sensations que je n'avais connu, ou au moins a cette intensité. J'écrirai donc deux posts, (le prochain a venir tres bientot) par soucis de cohérence et de respect.

Apres une semaine de cours a Chiang Mai, je finissais un délicieux curry vert accompagné de riz gluant, pret a partir au Laos pour aller faire mon visa, et mon téléphone sonna. C'était le Pere Suthee, qui apres m'avoir cordialement demandé comme je me portais, m'annonca qu'un enfant du centre, son neveu de 12 ans Kittimasak, était décédé. Pendant le silence qui suivi je pensai a l'absurdité de mon récit au Pere de mon séjour a l'hopital et de mes problemes de visa, et je fus rappelé a la réalité en entendant par l'appareil les sanglots que mon interlocuteur ne pouvait retenir.

Mere, soeurs, cousines, tante et
grand-mere devant l'autel
Le lendemain matin donc je retournai a Omkoi et retrouvai les enfants du centre. Les plus vieux m'accueillant cordialement mais trouvant vite le silence. Les plus jeunes, inconscientes de la réalité des choses m'annoncaient le sourire a la bouche que Kittimasak était au ciel, et me prenaient par la main pour aller jouer. J'etais content de la distraction que ca nous apportait a tous. Le lendemain nous nous mirent en route vers Maepwon, le village originaire de la famille du Pere, et donc de son defunt neveu. S'il m'est difficile de penser a quelque chose de plus triste que la mort d'un enfant, il me parait aussi que la Thailande est un endroit ou l'on prend cette nouvelle 'moins mal'. Sourires sur le visage de tous, on a passé la soirée a chanter, prier, manger et feter ensemble la vie de cet adorable petit garcon qui un mois plutot etait venu me voir avec un dictionnaire Anglo-Thai me demander des traductions, et s'était arrété sur le mot Saint pour savoir si j'en était un. C'est un de mes premiers souvenirs de rire spontané au centre et je m'étais dit a ce moment la, en regardant dans ses yeux scintillants d'intelligence et de bonté, qu'il serait surement un des mes préférés. Il y avait dans la salle qui lui était dédiée un autel multicolore aux motifs buddhistes (allez savoir pourquoi) devant lequel on alluma des bougies durant toute la nuit (vers 2-3h du matin les fetards alcoolisés s'étaient depuis longtemps installé dans la salle et j'allai me coucher apres quelques verres).

Marche vers le cimetiere
Le lendemain matin fut le moment le plus difficile. Dans cette meme salle nous dimes aurevoir a Kittimasak, qui était devant nos yeux, allongé dans un cercueil blanc avec un intérieur rose. A ses pieds le cadeau de ses parents qu'il aurait eu pour son anniversaire un mois plus tard; son visage gonflé par les derniers stages d'une infection du cerveau fulgurante, son maillot de foot taché de sang. Sa famille était devant le cercueil, pas de pleurs, meme si en regardant bien je ne pouvais pas ignorer les traits tirés par la douleur sur le visage de sa mere. Je me serais senti bete, étant celui qui le connaissait le moins bien, d'etre le seul a pleurer, ainsi je serrai les dents, la gorge serrée, un petit mouvement de tete vers le coté a la pensée que le simple fait d'etre pauvre ne lui accordait que 12 ans sur cette terre. Nous allames ensuite a l'église de Maepwon pour la messe, chanter et parler de nos expériences avec Kittimasak (le Pere m'a demandé de dire un mot devant l'assemblée de ce qui était a peu pres la totalité du village); apres quoi nous sommes allé l'enterrer dans le cimetiere situé sur le versant d'une colline. Chacun déposa une fleur sur son cercueil avant de retourner vers le village.

On est ensuite retourné a Omkoi et durant la semaine suivante la vie reprit son court et je n'eu pas une semaine pour souffler avant un prochain évenement qui, (bien qu'incomparable) je pense aussi digne d'un article dans ce journal de mes aventures.

                                                       Kittimasak, paix a ton ame.

Kittimasak
Kittimasak (droite)