Monday 19 September 2011

Kittimasak

Aujourd'hui je vous écris d'un café a Chiang Mai, et j'essaie de me rappeler précisément les deux dernieres semaines qui ont été pleines de sensations que je n'avais connu, ou au moins a cette intensité. J'écrirai donc deux posts, (le prochain a venir tres bientot) par soucis de cohérence et de respect.

Apres une semaine de cours a Chiang Mai, je finissais un délicieux curry vert accompagné de riz gluant, pret a partir au Laos pour aller faire mon visa, et mon téléphone sonna. C'était le Pere Suthee, qui apres m'avoir cordialement demandé comme je me portais, m'annonca qu'un enfant du centre, son neveu de 12 ans Kittimasak, était décédé. Pendant le silence qui suivi je pensai a l'absurdité de mon récit au Pere de mon séjour a l'hopital et de mes problemes de visa, et je fus rappelé a la réalité en entendant par l'appareil les sanglots que mon interlocuteur ne pouvait retenir.

Mere, soeurs, cousines, tante et
grand-mere devant l'autel
Le lendemain matin donc je retournai a Omkoi et retrouvai les enfants du centre. Les plus vieux m'accueillant cordialement mais trouvant vite le silence. Les plus jeunes, inconscientes de la réalité des choses m'annoncaient le sourire a la bouche que Kittimasak était au ciel, et me prenaient par la main pour aller jouer. J'etais content de la distraction que ca nous apportait a tous. Le lendemain nous nous mirent en route vers Maepwon, le village originaire de la famille du Pere, et donc de son defunt neveu. S'il m'est difficile de penser a quelque chose de plus triste que la mort d'un enfant, il me parait aussi que la Thailande est un endroit ou l'on prend cette nouvelle 'moins mal'. Sourires sur le visage de tous, on a passé la soirée a chanter, prier, manger et feter ensemble la vie de cet adorable petit garcon qui un mois plutot etait venu me voir avec un dictionnaire Anglo-Thai me demander des traductions, et s'était arrété sur le mot Saint pour savoir si j'en était un. C'est un de mes premiers souvenirs de rire spontané au centre et je m'étais dit a ce moment la, en regardant dans ses yeux scintillants d'intelligence et de bonté, qu'il serait surement un des mes préférés. Il y avait dans la salle qui lui était dédiée un autel multicolore aux motifs buddhistes (allez savoir pourquoi) devant lequel on alluma des bougies durant toute la nuit (vers 2-3h du matin les fetards alcoolisés s'étaient depuis longtemps installé dans la salle et j'allai me coucher apres quelques verres).

Marche vers le cimetiere
Le lendemain matin fut le moment le plus difficile. Dans cette meme salle nous dimes aurevoir a Kittimasak, qui était devant nos yeux, allongé dans un cercueil blanc avec un intérieur rose. A ses pieds le cadeau de ses parents qu'il aurait eu pour son anniversaire un mois plus tard; son visage gonflé par les derniers stages d'une infection du cerveau fulgurante, son maillot de foot taché de sang. Sa famille était devant le cercueil, pas de pleurs, meme si en regardant bien je ne pouvais pas ignorer les traits tirés par la douleur sur le visage de sa mere. Je me serais senti bete, étant celui qui le connaissait le moins bien, d'etre le seul a pleurer, ainsi je serrai les dents, la gorge serrée, un petit mouvement de tete vers le coté a la pensée que le simple fait d'etre pauvre ne lui accordait que 12 ans sur cette terre. Nous allames ensuite a l'église de Maepwon pour la messe, chanter et parler de nos expériences avec Kittimasak (le Pere m'a demandé de dire un mot devant l'assemblée de ce qui était a peu pres la totalité du village); apres quoi nous sommes allé l'enterrer dans le cimetiere situé sur le versant d'une colline. Chacun déposa une fleur sur son cercueil avant de retourner vers le village.

On est ensuite retourné a Omkoi et durant la semaine suivante la vie reprit son court et je n'eu pas une semaine pour souffler avant un prochain évenement qui, (bien qu'incomparable) je pense aussi digne d'un article dans ce journal de mes aventures.

                                                       Kittimasak, paix a ton ame.

Kittimasak
Kittimasak (droite)